Page:Noailles - Poème de l’amour, 1924.djvu/162

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C’est une étrange et formelle habitude
Que nous avons de ne rien confronter
De ton royaume et de ma servitude,
De ton silence et du mien à côté.

Une subtile et perspicace crainte
Nous fait chercher de délicats détours :
Quand notre amour veut exprimer l’amour,
Notre franchise est faite de nos feintes.

Ce pur silence, ample et de noble aloi,
Nous a toujours tout appris, sans offense.
Tacitement nous devinons nos lois,
Et notre énigme est notre confidence…