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Page:Noailles Le Livre de ma vie.djvu/227

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LE LIVRE DE MA VIE

infinie. Ces organismes généreux avaient le courage de l’éternité. Liés indissolublement à leur propre essence, ils étaient exempts de ce poids d’amertume, de cette lassitude par quoi l’on envisage avec délectation, au-delà de la mort, le repos. Sous le regard des astres, que j’examinais avec une lucide ardeur et un désir d’effraction, enveloppée d’encens végétal, enfant sérieuse, je me sentais installée dans le baptême de la poésie. Mais, insatisfaite, pressentant un mystère où s’épanche le cœur immense et comprimé, je devinais qu’un jour je ne serais plus une créature solitaire. Je savais que j’entraînerais sur les sommets de la tristesse et de l’inconnaissable des compagnons dont je deviendrais, grâce à l’univers anxieusement reflété, l’innombrable énigme.