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Page:Noailles Le Livre de ma vie.djvu/253

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LE LIVRE DE MA VIE

qui fleurissent à l’époque où la neige, les brouillards, les vents glacés plongent Paris dans une somnolence désolée, en un mot la volupté du plus proche Orient, je ne devais donc les connaître que guidée par la main économe du destin, qui repousse avec une maussade moquerie l’élan filial des jeunes êtres, toujours prêts à l’enlacer, à oublier ses dédains, à lui prodiguer leurs confiants embrassements !

Arrêtée sur ma route triomphante et ingénument voluptueuse, je courbai la tête, je jurai de secourir ma sœur charnellement offensée, et, cessant d’être élégiaque ou agitatrice par désir de séduction, j’entrepris d’opposer au destin provocateur une robustesse d’âme que la tendresse irritée rendait stoïque et invincible.