Page:Nodier - Ackermann - Vocabulaire de la langue française.djvu/5

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L’éditeur du Dictionnaire de ¥ Académie a dû penser, par conséquent, à le résumer dans un Vocabulaire usuel et portatif, qui aurait, par dessus les autres, l’autorité du. grand ouvrage dont il est la plus simple expression possible, et qui serait, en -quelque sorte, exécuté sous les yeux de l’Académie elle-même. C’est unejqeçvre d’autant plus difficile que, partoutoù -il,y a concurrence, il y a nécessité d’enchérir, et que les Vocabulaires privés dont nous parlons n’ont pas manqué d’enchérir sur l’Académie , en suppléant à l’exiguïté de la définition par des illustrations dont l’Académie, si elle l’avait voulu, pouvait aisément leur enlever l’initiative, comme V Étymologie et la Prononciation. Ces deux grandes questions que l’Académie a laissées, presque partout, à l’arbitre du lecteur de son Dictionnaire , en attendant qu’elle eût le loisir ou la volonté de leur consacrer un travail plus vaste et plus lumineux qui l’occupe, dit-on, dès aujourd’hui, sont en effet élémentaires dans la connaissance des langues’ ; et* on peut même dire absolument que^personne n’a le droit de proférer de mot avec autorité, que -personne n’est capable de lui donner sa valeur virtuelle, sans en connaître v Étymologie et la Prononciation ; mais les auteurs de Vocabulaires ont jusqu’ici tranché cette question plutôt que de la résoudre, parce qu’elle est insoluble dans beaucoup de points, et qu’iLfallait que la saine raison- j qui émane pour nous de quelques, excellents écrits, la dégageât d’abord de ses exceptions nécessaires.

Nous admettrons donc ce système ^d’additions , malgré sa hardiesse, dont aucune théorie écrite n’a pu encore régler les écarts ; nous l’admettrons , dis-je, pour ne pas rester en arrière avec les Vocabulaires qui nous ont précédés , et pour jeter- un peu de clarté , si nous en sommes capables j dans ce chaos dé faits douteux auxquels manquent- à< la fois les principes et les signes ; mais nous avons besoin pour cela de trouver. Tquel que attention dans l’homme qui sent la nécessité d’apprendre, parce qu’il a conçu la ferme volonté de savoir. C’est pour lui seul que ces pages sont * écrites, car ’nous les tenons pour inutiles à l’usage habituel et aux communications vulgaires de la parole. Nous dirons donc d’abord" ce que nous entendons par les Étymologies d’une langue , et de la langue française en particulier.

Nous chercherons ensuite a faire comprendre ce que nous croyons comprendre nous-mêmes de ^’^Prononciation.

Nous réduirons enfin ces dernières notions à leur expression la plus abrégée, pour fournir à l’étude autant de renseignements qu’il nous est possible de lui en offrir par un rappel commode à l’ordre alphabétique du Vocabulaire. DE L’ÉTYMOLOGIE.

  • ï/Étymologie , suivant les racines de son nom, c’est la vérité de la langue ; et

on conçoit à merveille l’intérêt que lés hommes ont pu trouver à remonter de plus en plus aux origines de leur parole, pour se rendre compte de ce mystère qu’ils ne connaîtront jamais. I/Étyraologie , raison du langage, a donc nécessairement’ occupé les bons esprits j et son étude a tant d’attraits pour les intelligences inventives et curieuses, qu’il n’est pas étonnant qu’elle en ait égaré plusieurs. * *’

  • Nous 1 n’entendons rien à> l’Étymologie j prise dans son sens absolu, puisque

la langue primitive est encore à découvrir. Cest une solution qui résoudrait tout en lexicologie , maïs qu’on n’obtiendra point.

Quant aux étymologies d’une langue’ actuelle, quant à la manière dont les mots s’y sont introduits, c’est une recherche vulgaire, et que nous pouvons entreprendre. Le plan de notre ouvrage ne demande rien de plus. Soit que tous les peuplés aient puisé leurs langues à une source commune, soit que la faculté dé les produire et de les modifier ait été subordonnée partout a de certaines conditions de localité qu’on peut assujettir, sans trop d’effort, à des circonscriptions -géographiques assez bien déterminées, partout où il s’est formé ’une société d’hommes il s’est formé une langue. Cest ce qu’on appelle la langue autochtkone, la première langue de la patrie. C’est, relativement à chaque langue en particulier, la seule langue primitive où il lui soit permis de chercher ses titre* et ses origines.

Mais aucune langue n’avait pu ae renfermer dans des limites infranchissables)