n’avois pas remarquées le matin. Je supposai qu’elles appartenoient à des gens du canton qui s’efforçoient d’approvisionner Château-Dubourg pour les festins du soir et du lendemain. Tout à coup les barques se rapprochèrent, les paysans descendirent, et un groupe assez épais se forma autour de quelque chose. Je ne suis pas curieux. Je ne sais pourquoi je courus.
— C’est bien lui, murmuroit un vieux pêcheur, c’est le pauvre innocent aux rouges guêtres, c’est le garçon à la mère Montauban, qui se sera noyé en poursuivant une hirondelle au vol, sans se rappeler que la rivière fût là, — s’il ne l’a fait d’intention, ce que Dieu veuille épargner à son âme ! Bâti, le bon, l’honnête Bâti ! regardez ce qu’il est devenu. Le malheureux enfant ne me demandera plus de couteau !
— Attendez, attendez, dis-je en reprenant le sentiment et la pensée, et en me précipitant vers le cadavre… Il n’est peut-être pas encore mort !…
— Mais comment voulez-vous, mon brave jeune homme, repartit un autre pêcheur, qu’il ne soit pas encore mort, puisque c’est un de nos petits qui étoit où nous sommes, et qui a vu de loin quelqu’un se jeter dans l’Ain, à l’instant où la cavalcade des amis de M. Dubourg a commencé à déborder la pointe du bois ? Nous sommes venus au cri du petit, nous avons mis sept heures à chercher l’homme, et voilà que nous le trouvons. Alors il est mort ! et il n’est que trop mort à toujours !…
— Quel bonheur ? s’écria un joli petit garçon d’une dizaine d’années en s’élançant dans le bois. — Je sais, moi, où il a laissé sa toque polonoise, qui est toute pleine, comme un nid, de jeunes serines vertes !…
J’ai repassé depuis dans le pays. Je n’ai pu obtenir aucun renseignement sur la mère de Baptiste ; il faut qu’elle soit morte ou retournée dans son village.
La maison des bois a changé de forme. Elle est deve-