mouillé, dont aucun signe simple ne figure la valeur réelle dans notre alphabet.
Qu’est-ce en effet que le double LL ou L mouillé ? C’est tout bonnement un L mouillé, c’est-à-dire un signe factice que nous distinguons par un nom de convention, parce que nous n’avons point de signe propre à en exprimer la valeur, et l’Académie auroit été bien embarrassée de le mieux définir avec les signes que nous avons. C’est une articulation sui generis, et tout aussi caractérisée qu’aucune autre, mais qui n’a jamais été représentée dans les orthographes néo-latines que par des signes composés, et qu’il sera impossible de représenter autrement, tant que la néographie ne nous aura pas dotés d’un alphabet complet, si elle est capable d’en faire un, et surtout de le faire recevoir. L’Académie a donc pris le seul parti qu’il y eût à prendre, quand elle s’est renfermée dans une phrase technique, au lieu de se perdre en fausses approximations qui n’aboutiroient en dernier lieu qu’à vicier la prononciation d’une manière irréparable en entreprenant de l’éclaircir.
Si la définition de l’Académie ne vous suffit pas, et je conviens qu’elle ne peut suffire, parce que la théorie de la prononciation ne sauroit en remplacer la pratique, demandez au premier Italien venu comment il prononce gli article, à un Espagnol comment il prononce le double ll de llamar. Faites mieux encore : prenez la peine de vous en informer auprès de l’écaillère du coin, chez l’émailleur, chez le quincaillier, chez le taillandier, chez votre tailleur ; de l’homme qui donne de la paille à vos chevaux, de la bonne qui donne de la bouillie à vos enfants. Toute émission de la parole qui n’a point de signe écrit dans l’alphabet, ne peut s’enseigner par d’autres moyens que la parole.
Qu’ont fait dans cet embarras nos habiles phonogra-