Page:Nodier - Dissertations philologiques et bibliographiques.djvu/232

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

NOTICE
SUR LE MANUSCRIT
DE LA
CHRONIQUE DES NORMANDS.
[PAR PAULIN PARIS.]


Il y a déjà sept ans qu’un employé de la Bibliothèque royale, en réunissant les matériaux d’un long travail sur les écrivains du moyen-âge, reconnut et signala, dans la collection des manuscrits, un monument historique de la plus haute importance. C’était l’Ystoire de li Normant, par Amat ou Aimé, moine du Mont-Cassin, traduite en français par un écrivain fort ancien. Amat florissait dans la dernière partie du 11e siècle ; il avait conduit sa narration latine jusqu’en 1078, et la dédicace de son livre à l’abbé Didier ou Desidere témoignait qu’il l’avait composé peu de tems après, c’est-à-dire avant 1086, puisque cette année-là l’abbé du Mont-Cassin Desidere avait échangé sa mitre et son nom contre la tiare du souverain pontife et le nom de Victor III. Ainsi, l’ouvrage d’Amat semble devoir être la plus ancienne relation de la conquête de Sicile par les chevaliers normands. Rédigée par un contemporain, sous le patronage d’un homme admis dans les conseils de Richard, prince de Capoue, et de Robert, duc de Pouille, elle a servi de guide à tous les annalistes postérieurs des choses siciliennes, et Léon, évêque d’Ostie, dans la Chronique qu’il adressa, peu de tems après la mort d’Amat, à l’abbé du Mont-Cassin, successeur de Desidere, l’a même plusieurs fois textuellement reproduite.

Combien de raisons pour regretter l’original de la Chroni-