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que d’Amat ! Mais, jusqu’à présent, on a vainement dépouillé, volume par volume, l’ancienne bibliothèque du Mont-Cassin ; on a vainement consulté le catalogue de toutes les grandes collections connues, le manuscrit d’Amat ne s’est pas retrouvé, et les Muratori, les Baluze, les Mabillon et les André Duchesne ont été tour à tour obligés de renoncer à l’espoir d’en enrichir leurs immenses collections.

Cependant, en 1612, l’infatigable Duchesne avait reconnu parmi les manuscrits de Peyresc une ancienne chronique française inédite sur les Normands de la Sicile. Il la fit copier, et, suivant toutes les apparences, il se proposait de la publier dans le second volume des historiae Normannorum scriptores antiqui. Malheureusement la mort ne lui laissa terminer que le premier volume, et les matériaux du second, demeurés manuscrits, sont aujourd’hui conservés et fréquemment consultés à la Bibliothèque du Roi. Mais si depuis la mort de Duchesne quelques savans ont attentivement examiné la copie dont nous parlons, il se peut que, rejetant sur elle les incorrections grammaticales dont les phrases fourmillent, ils aient toujours été dissuadés de la publier, par l’espoir de mettre la main sur le manuscrit original dont André Duchesne s’était servi lui-même. Il s’agissait donc de le retrouver ; et cela pouvait être difficile, attendu que Duchesne ne l’avait pas décrit, que le morceau qu’il en avait extrait, étant peut-être relégué à la fin du volume qui le renfermait, n’en était alors que la partie la moins apparente ; enfin, que la bibliothèque du conseiller Olivier, son dernier possesseur, avait été dispersée vers le milieu du 18e siècle.

Or, il y avait au catalogue des manuscrits du Roi, sous le numéro 7135, la mention suivante : Chronique depuis la création du monde, particulièrement du royaume de Sicile et de Naples. Le manuscrit provenait du cardinal Mazarin ; mais il avait été acheté de feu Olivier, lequel le tenait de feu le président Peyresc. Il remontait au 14e siècle, et il com-