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prenait une collection de monumens historiques, traduits du latin en langue vulgaire, par les ordres d’un certain comte de Militrée. La première de ces traductions était la Chronique universelle d’Isidore de Séville ; la seconde, le Sommaire d’Eutrope ; la troisième, l’Histoire des Lombards de Paul Diacre ; et la quatrième enfin était l’Ystoire de li (Normant)[1], laquelle compila un moine de Mont-de-Cassin, et le manda à lo abbé Desidere. C’était le manuscrit dont s’était servi Duchesne, et ce dernier ouvrage était la traduction de l’ouvrage d’Amat, dont tant d’illustres antiquaires avaient déploré la perte.

Je demande pardon à mes lecteurs d’être entré dans tous ces détails minutieux. Mais le bon travail de M. Champollion-Figeac sur les ouvrages d’Eutrope et de Paul Diacre, travail que la description du manuscrit dont nous nous occupons lui a permis d’insérer dans ses prolégomènes, nous obligeait à notre tour à nous arrêter sur l’histoire de ce précieux manuscrit. Et puis, quand il arrive aux bibliothécaires du Vatican, de Berlin ou de Vienne, d’exhumer quelque fragment de la littérature antique, ne fût-ce qu’une page de Cicéron ou deux vers de Ménandre, toute l’Europe savante applaudit avec transport, et toute l’Europe a raison. C’est aussi quelque chose de retrouver des monumens du genre de celui qui va nous occuper, et peut-être serait-il bon d’en savoir gré à qui de droit. Dans tous les cas, la Société de l’Histoire de France, fondée sous les plus heureux auspices, répond convenablement à ce qu’on attend d’elle, en ouvrant la série de ses publications par cette vieille traduction française de la Chronique d’Amat ; Amat, dont on a perdu le texte original, Amat, le témoin des exploits in-

  1. Le copiste du manuscrit avait mis en cet endroit Longobart au lieu de Normant, et cette faute dut long-tems empêcher de reconnaître l’ouvrage d’Amat.