Page:Nodier - Les Femmes celebres contemporaines.pdf/23

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ce qu’il prodigue, il le gagne. L’amour, c’est Hercule qui accepte un fuseau ; c’est Arrie qui offre un poignard. Quel est le dieu ? Quelle est la femme ?

Attendez, me direz-vous ? Où est l’égalité morale et politique ? Je me soucie bien de ton égalité morale et politique, méchant sophisme que tu es. Elle est dans ce contre-poids éternel des forces et des sentiments qui maintient, depuis six mille ans, au milieu de la race humaine l’ordre sublime que tes rêveries seules ont troublé. Elle est dans le dévouement passionné qui attache l’amant à sa maitresse, le mari à sa femme, et le père à son enfant. Je te dirai bien plus si tu peux m’entendre. Elle est dans la bienfaisance du riche qui consacre sa richesse aux besoins du pauvre, dans la conscience de l’homme d’état qui met son influence au service du malheureux et de l’opprimé. Ils sont rares sans doute ; mais les sectaires qui savent ce qu’ils disent le sont mille fois plus encore. Emporteras-tu avec toi dans les cachots de ta ténébreuse métaphysique, l’amour, la pitié et la charité ? Fais si c’est ta mission ! Le monde infortuné qui t’a produit n’attend que cela pour mourir.

Nous aussi, cependant, nous allons joindre notre faible voix à ce concert de panégyriques insidieux dont l’objet le plus clair est de tromper les femmes sur leur véritable destination ; mais selon notre usage, ce sera pour leur adresser des vérités qui les honorent et qui ne les abusent point. Nous ne sommes plus à l’âge où leur vue était un prestige, où leur nom était un talisman, où nous ne comprenions d’autres rapports avec elles