Page:Nodier - Les Femmes celebres contemporaines.pdf/66

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Débris dans les débris, crâne blanc et bideux,
Édifice montrant ta charpente à nos yeux,
Miroir brisé de l’âme où rien ne se reflète ;
Le passant, qui te voit sans lèvres, sans regard.
Sans chair, demande : Où donc est l’homme ? Un peu plus tard
Il va se demander : Où donc est le squelette ?

C’est pitié ! Reste là, regarde les passants,
Oh ! reste : dis néant aux heureux, aux puissants.
Celui qui t’exposa dans son joyeux domaine
A pensé que tes os parleraient haut et fort :
Il vient d’écrire avec une tête de mort
Son traité sur l’orgueil et la misère humaine !

Ton âme a fui là-haut, vers la cité des cieux
Aux mille portes d’or, aux escaliers de feux.
Elle est là, contemplant dans une sainte extase
Le soleil dans sa force et Dieu dans sa splendeur.
Toi, tu n’es que ruine et cendre : le Seigneur,
Quand il a pris l’encens, laisse tomber le vase.

Et l’auteur de ces vers est une femme, et cette femme n’a que vingt et un ans !

Paul L. Jacob (le Bibliophile).