Page:Nodier - Smarra ou les démons de la nuit, 1822.djvu/15

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PROLOGUE


Il y a un moment où l’esprit suspendu dans le vague de ses pensées… Paix !… La nuit est tout-à-fait sur la terre. Vous n’entendez plus retentir sur le pavé sonore les pas du citadin qui regagne sa maison, ou l’ongle armé des mules qui arrivent au gîte du soir. Le bruit du vent qui pleure ou siffle entre les ais mal joints de la croisée, voilà tout ce qui reste des impressions ordinaires de vos sens, et au bout de quelques instans, vous imaginez que ce murmure lui-même existe en vous. Il devient une voix de votre âme, l’écho d’une idée indéfinissable, mais fixe, qui se confond avec