Page:Nodier - Smarra ou les démons de la nuit, 1822.djvu/16

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les premières perceptions du sommeil. Vous commencez cette vie nocturne qui se passe (ô prodige !…) dans des mondes toujours nouveaux, parmi d’innombrables créatures dont le grand Esprit a conçu la forme sans daigner l’accomplir, et qu’il s’est contenté de semer, volages et mystérieux fantômes, dans l’univers illimité des songes. Les sylphes, tout étourdis du bruit de la veillée, descendent autour de vous en bourdonnant. Ils frappent du battement monotone de leurs ailes de phalène vos yeux appesantis, et vous voyez longtemps flotter dans l’obscurité profonde la poussière transparente et bigarrée qui s’en échappe, comme