Page:Nodier - Trésor-des-Fèves et Fleur-des-Pois, 1894.djvu/24

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pin caverneux et demi-mort, sur lequel un maître hibou se berçoit lourdement au souffle du vent ; et qu'avons-nous à démêler ensemble, mon bel oiseau ?

− Ce serait merveille que vous me reconnussiez, répliqua le hibou, car je ne vous ai obligé qu'à votre insu, comme doit faire un hibou délicat, modeste et homme de bien, en mangeant un à un, à mes risques et périls, les canailles de rats qui grignotaient, bon an mal an, la moitié de votre récolte ; mais c'est ce qui fait que votre champ vous rapporte aujourd'hui de quoi acheter quelque part un joli royaume, si vous savez vous contenter. Quant à moi, victime malheureuse et désintéressée du dévouement, je n'ai pas au crochet un misérable rat maigre pour mes bons jours, mes yeux s'étant tellement affoiblis à votre service, que j'ai peine à me diriger, même de nuit. Je vous appelais donc, généreux Trésor des Fèves, pour vous prier