Page:Nodier - Trésor-des-Fèves et Fleur-des-Pois, 1894.djvu/33

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je n'ai failli de toute ma vie de loup, j'étais alors en mission pour répandre les saines doctrines de la morale parmi les tribus lupines qui relèvent de ma communauté, et pour les amener graduellement, par l'enseignement et par l'exemple, à la pratique d'un régime frugal, qui est le but essentiel de la perfectibilité des loups. Je vous dirai mieux, monseigneur, l'époux de la chevrette fut mon ami ; je chérissais en lui d'heureuses dispositions, et nous voyageâmes souvent ensemble en devisant, parce qu'il avait beaucoup d'esprit naturel et de goût pour apprendre. Une malheureuse rixe de préséance (vous savez combien le caractère de sa nation est chatouilleux sur ce chapitre) occasionna sa mort en mon absence, et je ne m'en suis pas consolé.

Et le loup pleura, ce semblait, du profond de son coeur, ni plus ni moins que la chevrette.

− Vous me suiviez pourtant, dit Trésor