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Page:Noel - Le Rabelais de poche, 1860.djvu/178

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était le moment, il se tenait si ferme sur les pieds qu’il s’abandonnait aux plus hardis, s’ils le pouvaient faire bouger de place…

Le temps ainsi employé, bien frotté, lavé et rafraîchi d’habillements, tout doucement ils retournaient, et passant par quelques prés ou autres lieux herbus, ils visitaient les arbres et plantes, les conférant avec les livres des anciens qui en ont écrit, comme Théophraste, Dioscorides, Marinus, Pline, Nicander, Macer et Galien, et ils en emportaient leurs pleines mains au logis, desquelles avait la charge un jeune page nommé Rhizotome, ainsi que de houes, pioches, serpettes et autres instruments nécessaires pour herboriser.

Rentrés au logis, pendant qu’on apprêtait le souper, ils répétaient quelques passages de leurs lectures, puis se mettaient à table. Notez ici que son dîner était sobre et frugal, car il mangeait seulement pour refréner les abois de l’estomac ; mais le souper était copieux et large ; il mangeait alors autant qu’il était nécessaire pour le nourrir.

Pendant ce repas était continuée la leçon du dîner, tant que bon lui semblait : le reste se passait en propos tous lettrés et utiles. Après grâces rendues, ils s’adonnaient à chanter musicalement et à jouer d’instruments harmonieux… Quelquefois ils allaient visiter les compagnies de gens instruits ou qui eussent vu des pays éloignés.