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LE MYSTICISME

brale, tissu composé d’innombrables cellules nerveuses reliées les unes aux autres par les fibres nerveuses. A ce tissu aboutissent les nerfs de la périphérie du corps et des organes intérieurs. Un de ces nerfs est-il excité (le nerf optique par un rayon lumineux, un nerf cutané par un coiitact, un nerf organique par une transformation chimique interne, etc.), il propage son excitation jusqu’à la cellule nerveuse de l’écorce cérébrale, dans laquelle il débouche. Cette cellule subit par là des transformations chimiques qui, dans l’état sain de l’organisme, sont en proportion directe de la force d’excitation. La cellule nerveuse directement atteinte par l’excitation du nerf périphérique communique de son côté l’excitation reçue à toutes les cellules voisines auxquelles elle est reliée par des trajets fibreux ; le phénomène s’étend dans tous les sens comme une onde circulaire suscitée par un objet jeté dans l’eau, et il se dissipe peu à peu, absolument comme cette onde : plus vite ou plus lentement, avec une étendue plus ou moins grande, selon que l’excitation qui l’a occasionné a été plus forte ou plus faible.

Chaque excitation qui frappe un endroit de l’écorce cérébrale a pour conséquence à cet endroit une affluence de sang qui lui amène des matières nutritives [1]. La cellule cérébrale décompose ces matières et convertit en d’autres formes de force la force emmagasinée en elles : ces formes sont les aperceptions et les impulsions motrices [2]

  1. Les essais et observations de Mosso sur la surface cérébrale mise à nu par l’opération du trépan ont établi ce fait. Voir son étude sur La Peur, passim. Traduction française, 2’ édition, Paris, 1892.
  2. Les essais de Ferrier l’ont conduit, il est vrai, à nier qu’une excitation qui frappe l’écorce des lobes frontaux puisse avoir pour conséquence des mouvements. Le cas toutefois n’est pas aussi