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Page:Nordau - Dégénérescence, tome 1.djvu/112

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LE MYSTICISME

d’idées ou l'onde d’excitation, arrivent à la conscience à chaque excitation d’une cellule cérébrale ou d’un groupe de cellules, et de ne laisser subsister qu’une autre partie : les souvenirs qui se rapportent à la cause excitatrice, l’objet qui vient d’être perçu.

Qui fait ce tri parmi les images conservées ? L’excitation même, qui met en action les cellules cérébrales. Les cellules le plus fortement excitées sont naturellement celles en rapport immédiat avec les nerfs périphériques apportant l’excitation. Un peu plus faible est déjà l’excitation des cellules auxquelles la cellule primitivement excitée envoie son excitation par la voie nerveuse habituelle ; encore plus faible celle des cellules qui, par le même mécanisme, reçoivent leur excitation de la cellule excitée en seconde ligne. En conséquence, l’aperception la plus vive sera celle qu’éveille la perception immédiate ; un peu plus faible déjà sera la représentation qu’éveille la première aperception par l’association d’idées ; plus faible encore celle qu’amène de son côté la représentation associée. Nous savons de plus qu’un phénomène n’exerce jamais une excitation unique, mais plusieurs excitations à la fois. Si nous voyons, par exemple, un homme devant nous, nous ne percevons pas seulement un point de lui, mais une partie plus ou moins grande de sa surface, c’est-à-dire tout un grand nombre de points différemment colorés et différemment éclairés ; en outre, nous l’entendons peut-être, nous le touchons peut-être aussi, et nous percevons en tout cas, en dehors de lui-même, quelque chose aussi de son entourage, de ses rapports dans l’espace. Ainsi naît dans notre cerveau toute une quantité de cen-