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Page:Nordau - Dégénérescence, tome 1.djvu/116

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LE MYSTICISME

minante » dont parle M. Ribot. C’est elle qui nous donne la connaissance exacte du monde extérieur. Sans elle, cette connaissance serait beaucoup plus difficile à obtenir et resterait beaucoup plus incomplète. Cette adaptation durera jusqu’à ce que les cellules porteuses des idées prédominantes se fatiguent. Alors elles devront nécessairement céder leur prédominance à d’autres groupes de cellules, et celles-ci à leur tour acquerront la puissance d’adapter l’organisme à leurs buts.

C’est donc seulement par l’attention, comme nous l’avons vu, que la faculté d’association d’idées devient une qualité profitable à l’organisme, et l’attention n’est autre chose que la faculté que possède la volonté de déterminer dans la conscience l’allumage, le degré de clarté, la durée et l’extinction des représentations. Plus forte est la volonté, et plus complètement nous pouvons adapter notre organisme tout entier à une aperception donnée, plus nous pouvons nous procurer d’impressions sensorielles servant à les rendre plus nettes, attirer par l’association d’idées des souvenirs qui les complètent et les rectifient, d’autant plus décidément supprimer les aperceptions qui les troublent ou leur sont étrangères, en un mot, plus sera étendue et exacte notre connaissance des phénomènes et de leur véritable rapport.

La civilisation, la suprématie sur les forces de la nature, sont uniquement le résultat de l’attention ; toutes les erreurs, toutes les superstitions, des suites de son absence. Les fausses idées sur le rapport des phénomènes naissent de l’observation défectueuse de ceux-ci et sont rectifiées par une observation plus exacte. Or, observer, ce n’est