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PSYCHOLOGIE DU MYSTICISME

autre chose qu’amener intentionnellement au cerveau des impressions sensorielles déterminées et élever par là un groupe d’aperceptions à une telle force et à une telle clarté, qu’il peut acquérir dans la conscience la prépondérance, éveiller par l’association d’idées les souvenirs qui leur sont adéquats, supprimer ceux qui sont inconciliables avec elles. L’observation, qui est la base de tous les progrès, est donc l’adaptation, par l’attention, des organes des sens et de leurs centres de perception à une aperception ou à un groupe d’aperceptions prédominant dans la conscience.

L’état d’attention ne laisse subsister dans la conscience aucune obscurité. Car, ou bien la volonté renforce chaque aperception surgissante jusqu’à la pleine lumière et à la netteté, ou bien, si elle ne le peut pas, elle l’éteint complètement. La conscience de l’homme sain, à volonté énergique et par là attentif, ressemble à une pièce vivement éclairée dans laquelle l’œil voit distinctement tous les objets, où tous les contours sont nets et où ne nagent nulle part d’ombres indécises.

L’attention a ainsi pour prémisse une volonté forte, et celle-ci, à son tour, est le propre d’un cerveau normalement construit et non fatigué. Le dégénéré, dont le cerveau et le système nerveux sont caractérisés par des arrêts de développement ou des anomalies congénitales, l’hystérique, dans lequel nous avons reconnu un épuisé, manquent absolument de volonté ou ne la possèdent qu’à un degré diminué. La conséquence de la faiblesse ou du manque de volonté est l’incapacité d’attention. Alexandre Starr a publié vingt-trois cas de lésions ou affections des lobes frontaux du cerveau dans lesquels il était « impossible (aux