………Ce grand pécheur eut des conduites
Folles à ce point d’en devenir trop maladroites,
Si bien que les tribunaux s’en mirent, — et les suites !
Et le voyez- vous dans la plus étroite des boîtes ?
Cellules ! prisons humanitaires ! Il faut taire
Votre horreur fadasse et ce progrès d’hypocrisie…
On a su depuis qu’il y a eu une forme d’érotisme au fond de la condamnation de Verlaine, ce qui n’a pas lieu de surprendre, car le caractère particulier de sa dégénérescence est un érotisme follement ardent. Il songe constamment à la luxure, et son esprit est incessamment empli d’images libidineuses. Je n’ai nullement envie de citer ici des endroits où s’exprime le dégoûtant état d’âme de ce malheureux esclave de ses sens maladivement excités ; je me contenterai d’indiquer aux lecteurs désireux d’être renseignés les pièces intitulées Les Coquillages , Fille et Auhurn[1].
L’érotisme n’est pas sa particularité unique. Il est aussi un dipsomane, et, comme il faut l’attendre d’un dégénéré, un dipsomane paroxystique qui, éveillé de son ivresse, est saisi d’un profond dégoût du poison alcoolique et de lui-même, et parle (dans la première pièce de La bonne Chanson) des « breuvages exécrés », mais, à la première occasion, succombe de nouveau à la tentation.
Cependant, il n’existe pas de folie morale chez Verlaine. Il pèche par un instinct irrésistible ; c’est un « impulsif ». Ce qui distingue ces deux formes de dégénérescence, c’est que le fou moral ne tient pas ses crimes pour quelque chose de mauvais, qu’il les commet avec la même tranquil-
- ↑ Paul Verlaine, op. cit., P. 72, 315, 317.