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LE MYSTICISME

ité d’âme que met un homme sain à accomplir des actions indifférentes ou vertueuses ; après leur perpétration, il est absolument satisfait de lui, tandis que l’impulsif conserve la pleine conscience de l’abjection de son acte, lutte désespérément contre son instinct, jusqu’à ce qu’il ne puisse plus résister, et éprouve, après l’acte, le plus terrible désespoir et un grand repentir. Un « impulsif » seul parle de lui-même sur un ton plein de reproches, comme du « seul Pervers » (P.  71), ou trouve les notes contrites des premiers sonnets de Sagesse :

Hommes durs ! Vie atroce et laide d’ici-bas !
Ah ! que du moins, loin des baisers et des combats,
Quelque chose demeure un peu sur la montagne,

Quelque chose du cœur enfantin et subtil,
Bonté, respect ! car qu’est-ce qui nous accompagne.
Et vraiment, quand la mort viendra, que reste-t-il ?…

Ferme les yeux, pauvre âme, et rentre sur-le-champ :
Une tentation des pires. Puis l’infâme…
Si la vieille folie était encore en route ?

Ces souvenirs, va-t-il falloir les retuer ?
Un assaut furieux, le suprême, sans doute !
O va prier contre l’orage, va prier !…

C’est vers le Moyen-Age énorme et délicat
Qu’il faudrait que mon cœur en panne naviguât.
Loin de nos jours d’esprit charnel et de chair triste…

Et là que j’eusse part……
……………à la chose vitale.
Et que je fusse un saint, actes bons, pensers droits,

Haute théologie et solide morale,
Guidé par la folie unique de la Croix
Sur tes ailes de pierre, ô folle Cathédrale !

Comme le montrent ces exemples, la compagne ordinaire de l’érotisme maladif, la ferveur religieuse, n’est pas