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III
DIAGNOSTIC

Les manifestations décrites dans le chapitre précédent doivent sauter aux yeux de chacun, même du philistin le plus borné. Mais celui-ci les regarde comme une mode, et rien de plus, et les mots courants : caprice, excentricité, affectation du nouveau, instinct d’imitation, lui semblent une explication suffisante. Le bel esprit, auquel son éducation exclusivement esthétique ne permet pas de comprendre l’enchaînement des choses et de saisir leur véritable signification, s’abuse lui-même et abuse les autres sur son ignorance au moyen de phrases sonores et parle superbement d’une « recherche inquiète d’un idéal nouveau par l’âme moderne », des « vibrations plus riches du système nerveux affiné des contemporains », des « sensations inconnues de l’homme d’élite ». Mais le médecin, celui notamment qui s’est voué à l’étude particulière des maladies nerveuses et mentales, reconnaît au premier coup d’œil, dans la disposition d’esprit « fin de