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FIN DE SIÈCLE

broso, « la qualité dominante chez eux sera la couleur, ce seront des décoratifs. S’ils sont poètes, ils auront la rime très riche, la forme brillante, quelquefois ce seront des décadents [1] » .

Ainsi sont bâtis les mieux doués de ceux qui, en art et en littérature, trouvent les nouveaux sentiers, et que des disciples enthousiastes acclament comme guides vers la terre promise de l’avenir. Parmi eux prédominent les dégénérés ou mattoïdes. A la foule, au contraire, qui les admire et jure par eux, qui imite les modes qu’ils ont imaginées et se plaît aux étrangetés décrites dans le chapitre précédent, s’applique avant tout le second des diagnostics établis plus haut : chez elle nous avons principalement affaire à l’hystérie et à la neurasthénie.

Pour des raisons que nous éclaircirons dans le chapitre suivant, l’hystérie a été jusqu’ici moins étudiée en Allemagne qu’en France, le pays où l’on s’est occupé d’elle le plus sérieusement. Ce que nous en savons, nous le devons presque exclusivement aux maîtres français. Les grands traités d’Axenfeld [2], de Richer [3], et particulièrement de Gilles de la Tourette [4], résument d’une manière complète notre connaissance actuelle de cette maladie, et c’est sur eux que je m’appuyerai en énumérant les traits caractéristiques de l’hystérie.

  1. Lombroso, Nouvelles recherches de psychiatrie et d’anthropologie criminelle. Paris, 1892, p. 74.
  2. Axenfeld, Des névroses. 2e édition, revue et complétée par le Dr Huchard. Paris, 1879.
  3. Paul Richer, Études cliniques sur l'hystéro-épilepsie ou grande hystérie. Paris, 1891.
  4. Gilles de la Tourette, Traité clinique et thérapeutique de l'hystérie. Paris, 1891.