sont laissé suggérer la foi nouvelle. De jeunes gens sans discernement, qui cherchent encore leur route, vont là où ils voient la foule affluer, et ils la suivent sans hésitation, parce qu’ils croient qu’elle marche dans le vrai sentier. Des sots, qui ne craignent rien tant que d’être tenus pour arriérés, se joignent à elle avec des rugissements de vivats qui doivent les convaincre eux-mêmes qu’ils dansent, eux aussi, devant le tout nouveau triomphateur, la toute récente célébrité. Des vieillards usés, qui ont la crainte puérile que l’on sache leur âge, fréquentent assidûment le nouveau temple et mêlent leur voix chevrotante au chant des fidèles, parce qu’ils espèrent qu’en les voyant dans un groupe où prédominent les jeunes gens, on les tiendra pour jeunes.
Ainsi s’établit un attroupement en forme autour d’un infortuné dégénéré. Le fat à la mode, le « gigolo » esthétique, regarde par-dessus l’épaule de l’hystérique auquel a été suggérée l’admiration. L’intrigant marche sur les pieds du barbon qui feint la jeunesse, et entre eux tous se presse la jeunesse curieuse des rues, qui doit se trouver partout où « se passe quelque chose ». Et comme cette foule est poussée par la maladie, l’avidité du gain et la vanité, elle fait beaucoup plus de vacarme qu’un bien plus grand nombre d’hommes sains qui jouissent tranquillement et sans arrière-pensée égoïste des œuvres des talents bien portants ; ces derniers, en effet, ne se sentent pas obligés d’aller hurler leur appréciation sur les toits et ne menacent pas d’assommer les passants innocents qui ne veulent pas s’associer à leurs acclamations assourdissantes.