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Page:Nordau - Dégénérescence, tome 1.djvu/83

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ÉTIOLOGIE

tations mentales, l’énergie des mouvements volontaires subir des modifications rapides et transitoires coexistantes avec des modifications parallèles de la sensibilité et des fonctions de nutrition. Cette excitabilité peut être également mise en évidence dans la fatigue… La fatigue constitue une véritable hystérie expérimentale momentanée ; elle établit une transition entre les états que nous appelons normaux et les états divers compris sous le nom d’hystérie. On peut changer en hystérique un individu normal en le fatiguant… Tous ces agents (provocateurs de l’hystérie) peuvent être ramenés, au point de vue de leur rôle pathogénique, à un processus physiologique unique : la fatigue, la dépression des phénomènes vitaux [1] ». Cette cause qui, d’après Féré, transforme des individus sains en hystériques, — la fatigue, — l’humanité civilisée tout entière y est soumise depuis un demi-siècle. Toutes ses conditions vitales ont subi en ce laps de temps une révolution dont il n’y a pas d’exemple dans l’histoire universelle. L’humanité n’offre pas un seul siècle où les inventions qui pénètrent si profondément, si tyranniquement dans la vie de chaque individu, s’entassent comme au nôtre. La découverte de l’Amérique, la Réforme, ont sans aucun doute puissamment excité les esprits et détruit certainement aussi l’équilibre de milliers de cerveaux peu résistants. Mais cela n’a pas changé l’existence matérielle des hommes. On se levait et on se couchait, on mangeait et buvait, on s’habillait, on s’amusait, on passait ses jours et ses années comme on l’avait toujours fait. De notre temps,

  1. Féré, La Semaine médicale , 1890, p. 192.