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EINSTEIN ET L’UNIVERS.

Jules Verne avait déjà décrit des effets semblables dans l’obus qui porte ses héros de la Terre à la Lune et au moment où le romanesque projectile arrive au « point neutre », à l’endroit où, échappant à l’attraction terrestre, il ne subit pas encore celle de la Lune. Le bon Jules Verne a d’ailleurs commis quelques petites hérésies scientifiques au sujet de cet obus. Il a particulièrement oublié que — en vertu même du principe d’inertie dans ce qu’il a de plus grossièrement évident — les infortunés voyageurs devaient être aplatis comme galette, contre le culot de l’obus, à l’instant du départ du coup. Il a cru aussi, bien à tort, que les objets cessaient de peser dans l’obus seulement à l’instant où il passe exactement entre les deux sphères d’attraction terrestre et lunaire.

Passons sur ces vétilles du romancier et revenons à l’image excellente qu’il nous a prophétiquement fournie pour la commodité de notre exposé einsteinien.

Considérons donc le projectile lorsqu’il commence à tomber librement vers la Lune[1]. Il est évident qu’à

  1. Il est évident que nous supposons l’obus sans rotation, c’est-à-dire que le canon du Columbia ne doit pas, dans nos hypothèses, avoir été un canon rayé. Cette précision est indispensable, car si l’obus tournait il s’y produirait des effets de force centrifuge qui rendraient les phénomènes et du même coup notre démonstration plus compliqués. On jugera peut-être que celle-ci l’est déjà à souhait.