Page:Nordmann - Einstein et l’univers, 1921.djvu/133

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
125
LA RELATIVITÉ GÉNÉRALISÉE.

partir de cet instant et jusqu’à ce qu’il ait atterri ou plutôt aluni…, il se comportera exactement comme notre ascenseur — je devrais dire notre descenseur — de tout à l’heure.

Pendant cette chute vers la Lune, les passagers — miraculeusement échappés à l’aplatissement fatal du départ — verront tous les objets autour d’eux soudain démunis de leur poids rester suspendus en l’air, et, sous l’influence de la moindre chiquenaude, aller se coller aux parois ou à la voûte ogivale de l’obus. Eux-mêmes se sentiront d’une extraordinaire légèreté et sans effort feront les bonds les plus prodigieux, à rendre jaloux Nijinski.

C’est qu’eux-mêmes et tous les objets voisins tombent vers la Lune avec la même vitesse que l’obus. D’où pour eux disparition de la pesanteur, de la gravitation, soudain subtilisées comme par un magicien. Le magicien, c’est le mouvement accéléré comme il convient, c’est la chute libre des observateurs.

En résumé, pour supprimer en un lieu quelconque les effets apparents de la gravitation, il suffit que l’observateur possède une vitesse convenablement accélérée. C’est ce qu’Einstein appelle le « principe d’équivalence » : équivalence des effets de la pesanteur et de ceux d’un mouvement accéléré.

L’un et l’autre sont indiscernables.

Supposons notre obus de Jules Verne et ses infortunés passagers transportés très loin de la Lune, de la Terre et du Soleil même, en un de ces endroits