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aiol

Ces vers peuvent pour la plupart être corrigés et ramenés à la forme ordinaire de coupe après la sixième syllabe ; en tout cas leur petit nombre ne saurait infirmer ce que nous venons de dire.

V

Origine et date du poëme.

Nous abordons maintenant la question difficile des sources et du développement de notre chanson. Nous l’avons remarqué déjà dans tout ce qui précède, l’Aiol est divisé en deux parties qui ne se ressemblent nullement : comme composition, l’une est vive, originale ; l’autre au contraire se traîne dans les hors-d’œuvre habituels à l’épopée du xiiie siècle ; comme langue, l’une est écrite en français, l’autre en picard ; comme versification, l’une est en assonances bien caractérisées ; l’autre, quoique assonancée, a déjà une tendance à la rime ; comme rhythme enfin, l’une est en décasyllabes, l’autre en dodécasyllabes. La différence est donc bien établie : d’où provient-elle ? Si nous examinons de près chacune des deux parties, nous verrons facilement que la seconde présente tous les caractères d’un remaniement ; la chanson primitive se trouve en analyse dans les vers que nous avons déjà cités (v. 396-428) ; le cadre que présente cette analyse est suivi fidèlement tant que durent les vers de 10 syllabes ; une fois au contraire que le poëte écrit en dodécasyllabes, il se perd en développements oiseux et oublie même de faire rois les deux fils d’Aiol, comme l’annonçait le vers 427 :

Encore seront roi li doi enfant.