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poëme que notre héros soit fils d’Élie de Saint-Gille, nous voyons bien qu’il a pour père un Élie et pour mère Avisse, mais aucun[1] vers, aucun mot, ne nous parle de Saint-Gille. Ce n’est qu’à la fin du poëme d’Élie de Saint-Gille[2] que le trouvère, qui a cru devoir rattacher entre elles les deux chansons, invente une filiation qui ne se retrouve pas dans la version islandaise de l’Elissaga dont l’analyse a été donnée par M. Kœlbing[3], et qui présente un caractère plus ancien, n’étant pas trop éloignée cependant de notre poëme, puisqu’on y parle déjà du roi Arthur. En dehors de cette queue ajoutée au roman d’Élie de Saint-Gille pour le rattacher à l’Aiol, les deux chansons n’ont aucun lien commun, et le trouvère picard qui a réuni ces deux poëmes a sans doute été guidé par la ressemblance des noms d’Élie, père d’Aiol, et d’Élie de Saint-Gille, héros de la chanson dont l’Hist. littéraire a donné l’analyse (XXII, 423 ss.). Mais quel est donc cet Élie, père d’Aiol ? Un passage de Baudouin d’Avesnes[4] nous répond à cet égard. Nous lisons en effet dans ce chroniqueur, mort en 1289 (Panth. litt. Chr. de Flandres, p. 646), ce qui suit : « Avisse (éd. Anisse), la fille du roy Charles le Calve fut donnée en mariage à Elye, comte du Mans, lequel fut encachiet de France par trayteurs. Et de celuy Elye et Avisse sa femme yssit Aioul leur fils, de quy on a maintes fois chanté ; et dient encore pluseurs pour le pre-

  1. Nous trouvons à l’extrême fin d’Aiol la mention de St-Gille ; c’est ici encore un artifice du remanieur des deux chansons.
  2. Ce poëme, le même que celui de Julien de St-Gille cité plus haut comme faisant partie du ms. 25516, sera publié prochainement par la Société des Anciens textes.
  3. Beitrœge zur vergleichenden Geschichte... 1876, p. 131.
  4. Nous devons cette indication à M, A. Longnon.