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faveur : j’avais donné trente jours à son père pour le décider à me rendre son royaume ; je lui accorde quatre mois. » Guiomar tombe à ses pieds en lui disant que tous les royaumes de son père lui appartiennent (p. 301-3). L’empereur étonné refuse, et supplie Guiomar de se faire chrétienne et d’épouser Montesinos. Guiomar hésite un instant, mais, touchée de la grâce divine, elle accepte à condition que son vieux père n’en saura rien. Elle est baptisée, mariée avec Montesinos, et retourne près de son père (p. 303-5).

De ces romances, la première ne se rapporte qu’aux aventures d’Élie : on y voit que le poëte espagnol a voulu, comme Andrea dans la version italienne, dire les causes qui ont amené les malheurs et l’exil du père d’Aiol. Nous retrouvons au contraire dans la seconde une imitation de l’Aiol français, autant toutefois qu’un poëme peut être imité par une romance. Ajoutons que la substitution de Paris à Orléans ou à Poitiers, qui existe aussi dans l’italien, et certains autres faits, comme le développement donné aux infortunes d’Élie, nous engagent à croire que les romances espagnoles ont peut-être pour source commune avec la version italienne cette version en prose française du xive siècle, dont nous avons déjà supposé l’existence. Remarquons aussi en passant que dans l’espagnol, comme dans le poëme français, comme aussi dans l’Ajolfo del Barbicone[1], le nom du héros est dû à une particularité de sa naissance[2]. Le poëme d’Aiol n’est du

  1. Voy. plus haut, p. xl, note 3, et p. l-lj.
  2. Voici les vers de la romance relatifs au nom de Montesinos, que M. G. Paris a déjà cités (Hist. poét., 213) :

    Alli le rogó el conde