Page:Normand - La Muse qui trotte, 1894.djvu/151

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Des bateaux violets glissant sur le flot bleu,
Et de longs peupliers tous à la queue leu leu ;
Oui, photographié de cent mille manières,
Plus connu que Chatou, plus fréquenté qu’Asnières ;
Sillonné de blancs yachts et de steamers-joujou
Portant un tas de gens qu’on vit « on ne sait où » ;
Oui, le « déjà connu » sortant à votre approche
Du moindre promontoire et de la moindre roche ;
Oui, tout ce qu’on voudra, tout ce qu’on pensera…,
Mais charmant à l’égal d’un décor d’Opéra
Quand, au matin, quittant le wagon, on arrive,
Les yeux gros de sommeil encore, à cette rive
Délicieusement tranquille où le flot pur
Met sous les arbres verts son liséré d’azur.

Dans ce grand parc anglais panaché de verdure,
Au balancement doux et lent de la voiture
Qui traîne derrière elle un nuage d’argent,
On se laisse emporter — et le tableau changeant