Page:Normand - La Muse qui trotte, 1894.djvu/152

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


Du grand lac, que blanchit une légère houle,
Comme un panorama devant vous se déroule.

La côte de Savoie au profil tourmenté
Se dresse à l’horizon en pleine majesté ;
Sous les tièdes rayons du soleil bas encore,
Le brouillard du matin s’entr’ouvre et s’évapore ;
Tout est repos, silence et calme. On sent dans l’air
Quelque chose de pur, de naïf et de clair.

Un parfum d’autrefois vous pénètre et vous grise :
Entre les arbres verts bordant la route grise
Corinne passerait, rêveuse, qu’on aurait
Une surprise à peine, et qu’on la saluerait.
Au balcon tout fleuri de cette maisonnette
Ne vois-je pas Julie en jupon, en cornette,
Qui dirige vers moi son regard langoureux,
Et me maudit tout bas de n’être pas Saint-Preux ?
Coppet ! — Dans un grand parc ombreux que l’on côtoie
N’ai-je pas entendu comme un froufrou de soie ?