Page:Normand - La Muse qui trotte, 1894.djvu/17

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de plus français dans nos moyens d’expression, dans nos ressources de langage. Les fautes de goût ne sont sensibles dans la littérature d’un pays qu’aux esprits indigènes.

Aucune ne vous échappe dans la nôtre, vous n’en laissez se glisser aucune dans vos écrits. Vous vous montrez en cela, comme à tous égards, excellent patriote. Je n’ose approfondir mes appréhensions devant le discrédit croissant de ce mot goût. Je n’en ai d’ailleurs pas le loisir dans ces lignes rapides. Je voudrais du moins préciser un peu la signification du mot léger par lequel j’ai tout d’abord qualifié le titre de votre livre. Gardez-vous de le prendre au sens péjoratif qu’on lui prête d’ordinaire en l’appliquant à l’esprit français. N’est-ce pas la plus légère excitation qui souvent impressionne le plus efficacement la sensibilité ? Le chatouillement d’une barbe de plume fait tressaillir.

Aussi, pour stigmatiser la vanité lamentable de la vie mondaine, n’avez-vous pas besoin d’user de violence. Il vous suffit de l’esquisser, en vous jouant, avec une finesse de dédain beaucoup plus pénétrante. Combien votre aimable censure de cette société oisive est propre à consoler les gens que la gravité