Page:Normand - La Muse qui trotte, 1894.djvu/170

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Derrière moi, plus près, la plaine immense et nue
Fuit, sous les crêpes gris de la brume ténue ;

Mes yeux appesantis peuvent à peine voir
Un bois, dans le lointain, formant un long trait noir.

Tout se tait. La nature alanguie et dolente
Semble se recueillir dans une vague attente…

Comme elle, mon esprit engourdi de sommeil,
Ne se réchauffera qu’aux baisers du soleil.

Et le voilà qui vient, le voilà, blond et pâle,
Trouant le voile obscur d’une étoile d’opale…

Et l’étoile grandit, grandit… comme un œil pur
Là-haut, timidement, sourit un coin d’azur.

Le brouillard déjà clair devient plus clair encore,
S’entr’ouvre, s’amoindrit, s’élève, s’évapore…