Page:Normand - La Muse qui trotte, 1894.djvu/181

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Les ombrelles d’azur et les bottines frêles.
Et les voilà, causant et caquetant entre elles,
Sous les arbres du parc, près du kiosque vert
Où, quatre fois par jour, flotte un vague concert.
Moi, je m’assieds, un livre à la main, sous l’ombrage.

Mais pour lire, d’honneur, il faut un vrai courage,
Car un désœuvrement doux et délicieux
Vous berce, vous saisit, ferme à demi vos yeux…
Le sang dort, plus tranquille, et la bête est contente.

Et ce rêve vous prend, vous sourit et vous tente :
Ne plus rien demander au cerveau surmené
Par le fiévreux travail d’un siècle condamné
À progresser toujours, à produire sans cesse ;
Acquérir la vigueur des membres, la souplesse ;
Sacrifier l’esprit et ses troublants efforts
À la virilité plus pratique du corps ;
S’exercer dans les camps, fréquenter les gymnases ;
Jongler avec des poids et non avec des phrases ;