Page:Normand - La Muse qui trotte, 1894.djvu/247

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Comment dire… elle aimait… cette chose… peu douce,
D’un parfum persistant, dont on glisse une gousse
Dans l’os ou dans les flancs d’un gigot parfumé…
C’est vous qui l’avez dit… je ne l’ai pas nommé !

Elle l’adorait donc, la petite diablesse.
Que voulez-vous ?… C’était son unique faiblesse,
Faiblesse de naissance !… et moi, je l’exécrais
Toujours, avant, pendant, après… surtout après !
Aussi, vil égoïste et tyran redoutable,
L’avais-je à tout jamais proscrit de notre table.
La pauvrette en souffrait, mais cachait son ennui,
Et, par amour pour moi, ne pensait plus à… LUI !

Moins par vocation, hélas ! que par caprice,
Pomponnette — ce fut son nom — était actrice,
Notre amour, frais éclos par un soir de printemps,
Fleurissait à l’ardent soleil de nos vingt ans :
En nos deux cœurs, chantait une éternelle fête…
Oh ! les petits soupers joyeux, en tête à tête,