Page:Normand - La Muse qui trotte, 1894.djvu/71

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D’un seul bond, pour causer et rire en tête à tête,
Sans plus se soucier de la caresse faite.
Qu’importe, n’est-ce pas, à ces heureux élus,
Un sourire, un baiser, ou de moins ou de plus ?

Et voici que soudain revint en ma pensée
Très net, un souvenir de la saison passée.

Par une après-midi d’été, je cheminais
Sur une route grise, au fond du Bourbonnais.
Accablé de chaleur, aveuglé de lumière,
J’avisai la fraîcheur sombre d’une chaumière,
Et j’entrai. Dans le fond, un enfant mal vêtu
Me regardait, les yeux pâles, le front têtu,
Bon visage pourtant, appelant l’embrassade.
Aussi j’allai vers lui, malgré l’accueil maussade
Qu’il me faisait, blotti dans un recoin obscur,
Entre la cheminée immense et le vieux mur.
Mais comme j’arrivais, pris d’une peur subite,
À la hauteur du front levant le bras bien vite