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Page:Normand - Le Laurier sanglant, 1916.djvu/126

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Je lui tends un journal :
Je lui tends un journal :« Merci ! mais j’sais pas lire…
— Ah ! vous ne savez pas…
— Ah ! vous ne savez pas…— Non !… Même à c’propos-là,
« J’voudrais ben vous parler un peu…
« J’voudrais ben vous parler un peu…— Dites…
« J’voudrais ben vous parler un peu… — Dites…— Voilà :
» J’en ai pour très longtemps, ça n’va pas finir vite…
» Eh ben, j’voudrais au moins qu’d’êt’blessé, ça m’profite !
» Je m’sens tout plein gêné de n’pouvoir lire… Aussi
» J’pourrais-t’y pas apprendre alors que j’suis ici ?
» Pourriez-vous pas m’donner un bouquin, un’grammaire,
» Où que j’pourrais trouver, comme on dit, mon affaire ?
» J’ai bientôt trent’quatr’ans ; trois enfants ; j’suis point sot…
» C’est trop bête, à la fin, de n’pouvoir lire un mot !
» Puisque me v’là du temps de reste, j’veux apprendre… »

En l’écoutant parler, quelque chose de tendre
Et de doux me montait au cœur et m’entraînait
Vers cet homme si simple et si franc, qui venait