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Page:Normand - Le Laurier sanglant, 1916.djvu/127

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M’avouer sans rougir sa pénible ignorance,
Ne pensant point, lui qui souffrait, à sa souffrance,
Mais voulant qu’elle fût utile, et lui permît
D’élargir le domaine étroit de son esprit…



Lentement le jour vint — jour de joie ! — où l’élève
Put, comme il le voulait, réaliser son rêve :
Lire, donner un sens à tous ces mots troublants
Dont les bataillons noirs couvrent les papiers blancs…
Ah ! comme j’admirais le tranquille courage
De cet humble Français, déjà mûri par l’âge,
Qui de ces gros doigts courts, bons manieurs d’outils,
Suivait les ba, be, bi, bo, bu, si, si petits !
Quel travail obstiné ! Comme à grands coups de pioche
Il semblait enfoncer les mots dans sa caboche !

Avec une fureur, un désespoir d’enfant :
« Jamais je ne pourrai ! » me disait-il souvent,