Page:Normand - Le Laurier sanglant, 1916.djvu/139

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« Et tout ça, c’est la faute à ce sacré journal,
« Dit le père. On pouvait s’y tromper, tout de même !
— Sûr ! Quand on s’nomm’ Mathieu comm’nous, l’jour du baptême,
» On devrait avoir soin de donner au moutard
» Un prénom ben ronflant, ben chic, qu’on puiss’ plus tard
» Le reconnaît’, parmi tous ceux d’la grand’ famille
» Des Mathieu… Ils sont tant, les Mathieu, qu’ça fourmille !…
» Des fois, d’avoir l’mêm’ nom, ça peut vous fair’ du tort !…
— Tout ça n’empêch’ra pas qu’mon pauv’ pt’it Jean soit mort ! »
Dit la mère, essuyant des pleurs sur son visage.

« Allons, femme, partons !… assez de bavardage !…
» Reprenons l’train… Ça va t’êt’ triste, la maison
» Sans l’petit… Faudra ben se faire une raison… »
Puis, tendant au blessé sa rude main ouverte :

« Top’là !… Je n’t’en veux pas, mon garçon… Oh ! non ! certe !
» T’es pour rien dans la chose, et j’en aurais pas l’droit…
» Mais l’bon Dieu s’est montré ben dur à not’ endroit…