Page:Normand - Le Laurier sanglant, 1916.djvu/204

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J’ai les reins démolis d’avoir tant gambadé !
— Ma chère, votre plainte est presque un sacrilège :
Pensez à nos soldats qui couchent dans la neige !

— Ah ! garçon ! quel dîner !… Le potage, une peste !
Et ce poulet qui tient ma mâchoire en échec !
S'il vient du Mans, ainsi que le menu l’atteste,
Il en vient en tout cas à pied, tant il est sec !
— Pauvre gourmand !… Pour établir un parallèle,
Pensez à nos soldats mangeant dans leur gamelle !

— Mon cher, ça ne va pas… Je me sens tout maussade…
Une fatigue !… Et puis, au moindre courant d’air,
Une douleur, ici !… Je ne suis pas malade,
Non… Mais… vous comprenez… Ça ne va pas, mon cher…
— Lorsque cette douleur par trop fort vous élance,
Pensez à nos soldats qu’on porte à l’ambulance !

— Pessimiste ?… Eh bien, oui… Voyez-vous, j’ai beau faire,
Je n’ai pas confiance… Oh ! je le dis bien bas…