Page:Normand - Le Laurier sanglant, 1916.djvu/51

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Aujourd’hui je vais bien, et, si je boite encor,
Ce n’est plus pour longtemps, m’assure le major.
Mais, — je ne sais comment vous dire cette chose, —
Depuis ces quelques mois une métamorphose,
Un complet changement se sont produits en moi.
Jadis, j’étais un vieux soudard sans foi ni loi,
Narguant Dieu, jurant sec, hérétique incurable,
Et fuyant un curé comme l’on fuit le diable.
Eh bien ! — est-ce l’effet de ce vilain moment
Que j’ai passé là-bas, de cet isolement,
De cette mort que j’ai du doigt presque touchée
Et mon âme en est-elle encore effarouchée,
Peut-être… mais depuis ce jour je jure peu,
Je respecte le prêtre… et je crois au bon Dieu !