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Page:Normand - Les Moineaux francs.djvu/101

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— « Un roman, dites-vous ?… Oui, c’est incontestable !
Long ou court, tôt ou tard, toute femme a le sien.
Moi-même, mes amis, que vous connaissez bien,
Moi, d’esprit peu fantasque et plus froid que le vôtre,
Ma foi ! j’eus mon petit roman tout comme une autre ! »

À ces mots, doucement de sa bouche envolés,
Un silence se fit qui lui disait : « Parlez ! »

« Ma fille, mon Andrée, avait quatre ans à peine.
C’était mon seul enfant. Nous vivions en Touraine,
Dans un petit château, pavillon autrefois,
Séjour fastidieux s’il en fut, en plein bois ;
Un voisinage nul, et par contre, sans doute,
Un pays infesté de voleurs de grand’route.
Bref, vous voyez d’un coup le paradis exquis
Où je m’éternisais, seule avec le marquis.
Vous l’avez tous connu, mes amis : âme fière,
Brave sans vanité, sens droit, franchise entière,
Un de ces cœurs pétris d’un rare et pur ciment