Page:Normand - Paravents et Tréteaux, 1882.djvu/113

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Des torches vacillant çà et là, quelque appel
Long et désespéré qui monte vers le ciel…
Le lugubre tocsin qui mêle, par volées,
Aux pleurs de l’ouragan ses notes affolées…
Les cadavres roidis portés au gré des eaux…
Le vent toujours plus fort, des cris toujours nouveaux…
Des barques, des pontons, — hélas ! en petit nombre ! —
Qui, chargés jusqu’aux bords, vont et viennent dans l’ombre…
Enfin partout, partout, le flot, l’horrible flot
Qui gagne, qui grandit, monte toujours plus haut,
Et, formidable masse à tout moment accrue,
Silencieusement, inonde chaque rue !

Quand l’aurore parut, quand le ciel devint clair,
Szegedin n’était plus !

Szegedin n’était plus !Rien qu’une vaste mer
D’où sortent, assiégés par la tempête folle,
Quelque toit vacillant, quelque brune coupole,