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Page:Normand - Paravents et Tréteaux, 1882.djvu/169

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Oui ! tandis qu’on célèbre avec un soin jaloux
Ces grands morts dont l’esprit semble planer sur nous ;
Tandis qu’hier encore, ainsi que chaque année,
Molière vit ici sa tête couronnée ;
Que Racine et Corneille, également fêtés,
Reçoivent le tribut d’hommages mérités ;
Dans la profonde nuit des choses qu’on ignore,
Une date restait, seule oubliée encore,
Qui, peut-être, sans nous, l’eût été pour jamais :
Celle du jour fameux où naquit Beaumarchais !
Depuis quatre-vingts ans, pour cet anniversaire,
L’affiche n’annonçait rien d’extraordinaire ;
Pas la moindre couronne à poser de travers
Sur un buste de plâtre, et pas le moindre vers.
Les poètes gardaient pour d’autres circonstances
L’encens officiel qui brûle dans leurs stances :
Le vingt-quatre janvier, jour de saint Babylas,
On célébrait ce saint, mais Beaumarchais non pas !
Or, voyant revenir la date cette année,
Hardiment j’ai plaidé la cause abandonnée ;