Page:Normand - Soleils d’Hiver, 1897.djvu/129

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Leurs décorations savamment travaillées…
Et les femmes surtout, les femmes !… Maquillées,
Les cheveux mal peignés, mal teints, les yeux noircis ;
De maladroits crayons ponctuant les sourcils ;
Un fard prêt à tomber plaqué par les voilettes ;
D’extravagants chapeaux, d’impudentes toilettes
Dont le luxe taché vous heurte et vous salit ;
Le camp plus triste encor des vieilles, que pâlit
L’âpre désir du gain, la fièvre solitaire
Du petit jeu mesquin, rapace, terre à terre,
Ne dépassant jamais le taux le plus discret,
La pièce de cent sous avancée à regret
Et que l’œil suit d’un bout à l’autre de la table…
Oui, navrant tout cela, navrant et redoutable !

On songe à quelque étrange et beau Palais du Mal
Où le démon du jeu, fantastique animal
À la griffe d’argent et d’or, bien acérée,
Saisit le pauvre humain aussitôt son entrée,
Et sous ces hauts lambris d’un luxe éclaboussant
Lui déchire le cœur et lui suce le sang…
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Combien pur, au sortir des salles étouffées,
Le grand air, arrivant du large par bouffées !