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LA MORT DES ROSES

Cannes.



Dans la chambre tranquille un rayon de soleil
Tombant, comme un trait d’or, des persiennes mi-closes,
Met un scintillement immobile et vermeil

Sur un bouquet de roses.


Chez le fleuriste où je les choisis l’autre jour
Une par une, avec des lenteurs coutumières,
Elles avaient le charme et l’élégant contour

Des jeunesses premières.


S’arrondissant en un délicat corselet,
Les feuilles se paraient de leur grâce frisée,
Et du cœur vierge et tendre un parfum s’envolait

Frais comme une rosée.


Depuis lors, sur leur ferme et robuste beauté
Quatre jours ont passé… pour elles cent années !
Le temps les effleura d’un vol précipité…

Et les voilà fanées.