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Page:Normand - Soleils d’Hiver, 1897.djvu/158

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« Ah ! que notre fin est plus douce
Ici, dans le pays natal !
Nous nous flétrissons sans secousse,
Loin du Nord froid, du Nord brutal…

« Le clair rayon qui nous arrose
D’un ruissellement sans pareil,
Roses, nous donne un linceul rose
Fait de lumière et de soleil !

« Soleil qui caresse et pénètre,
Soleil aux frôlements berceurs,
Soleil connu, qui nous vit naître…
Ne nous plaignons pas, ô mes sœurs ! »



La rose ainsi parlait à ses sœurs condamnées.
Un silence se fit, approuvant son discours ;
Silence ourlé du bruit fin des feuilles fanées

Tombant, tombant toujours ;


Tombant sur le tapis en molles avalanches,
Sur le tapis vulgaire, aux banales couleurs,
Qui devenait, tout pointillé de taches blanches,

Cimetière de fleurs…