Page:Normand - Soleils d’Hiver, 1897.djvu/157

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Mais l’une d’entre elles, plus sage :
— « Je sens ainsi que vous, mes sœurs,
S’effeuiller mon frêle corsage…
Avec vous je souffre et je meurs.

« Mais combien — si triste sans doute ! —
Plus triste eût été notre sort,
Si nous avions suivi la route
Qui mène aux froids pays du Nord !

« Vous devinez cette torture !
Partir rapidement, un soir,
En quelque boîte mince et dure
Jetée au fond d’un wagon noir…

« Loin, bien loin de nos rives bleues,
De la mer au flot pailleté,
Courir, courir pendant des lieues,
Courir toute une éternité…

« Puis, au fond des chambres chauffées
D’un air factice et déprimant,
Parmi les lourdeurs étoffées
Des rideaux drapés savamment,

« Une angoisse étrange, accablante,
Dans le vase aux sèches parois…
La mort enfin, lente, si lente
Que l’on croirait mourir deux fois !